Cette analyse a été réalisée par Diane Quenault de St Sulpice, Directrice de Marché Creditsafe.
Alors que l'économie du pays subit un brutal coup d'arrêt dû au coronavirus, Les entreprises, notamment les plus dépendantes aux importations chinoises (textile, électronique...), ainsi que les secteurs de l'événementiel et du tourisme, accusent le coup, d’autres secteurs tirent bénéfice de la crise, …. Et même si les Plateformes, Gafa et grande distribution semblent être pour l’heure les vainqueurs de la crise, certains secteurs d’activité s’organisent.
Récemment, Emmanuel Macron a annoncé que La France investira quatre milliards d'euros pour augmenter la production de masques et de respirateurs pour lutter contre l'épidémie de coronavirus.
Hier délaissée, considérée comme dépassée, l’industrie fait son retour : donner à nouveau la priorité à l’industrie, dans un pays comme la France, s’impose comme une nécessité, en particulier dans le contexte du Coronavirus !
L’industrie française est en train de se transformer en profondeur sous l’impulsion de la révolution numérique et de la transition écologique.
La recomposition des chaines de valeur et d’autres facteurs laissent entrevoir une renaissance de l’industrie »
La crise sanitaire actuelle sera également un accélérateur des tendances. Elle conduit à prendre conscience de la dépendance de nos industries à l’égard de l’Asie. Cette situation appelle naturellement à une relocalisation des activités en Europe et à une réorganisation des chaînes de valeur à l’échelle mondiale.
Débattre du futur de notre industrie est une question de cohésion nationale, de souveraineté technologique, d’indépendance économique et donc l’affaire du plus grand nombre sans oublier les problématiques auxquelles ils sont confrontés
Plus que jamais la crise actuelle nous montre la fragilité de notre tissu productif et la nécessité d’apporter des solutions concrètes aux entreprises pour assurer leur pérennité.
Le confinement implique l’arrêt partiel ou total d’un grand nombre d’industries avec des conséquences importantes sur l’économie interne de chaque pays et sur l’équilibre économique mondial.
En effet, une partie des industriels français a dû arrêter ses outils de production avec très peu de temps pour se préparer à un arrêt total ou partiel des installations de production (12h entre l’annonce et les fermetures dans certains cas).
Dans ce contexte, Les industriels doivent faire face à plusieurs challenges :
Beaucoup d’industriels doivent ou devront travailler sur un planning de production de démarrage en arbitrant et priorisant les commandes clients à honorer de façon à accélérer les entrées financières, sans oublier que les tension financière peuvent ralentir les chaînes d’approvisionnement.
Ainsi, le redémarrage des installations et outils de production ne va pas se faire sans mal.
3 points de vigilance
1. Instaurer une dynamique positive
2. Un gestion précise du panel fournisseur et des matières premières
En effet, l’ensemble du tissu industriel français se fournit plus ou moins largement en Chine et en Asie. Le confinement en Chine a provoqué une réduction des importations chinoise en France et donc des ruptures d’approvisionnement dans certains secteurs. Pour ceux qui ne se fournissent pas en Asie, leurs fournisseurs de rang 1 ou de rang 2 le font, ce qui complexifie considérablement les chaînes d’approvisionnement et donc la reprise sereine des activités.
3. Vers un pic de commandes.
Cette situation pourrait avoir une double conséquence :
Sachant que certains industriels connaissent dès à présent des ruptures d’approvisionnement, il est souhaitable de bâtir un plan de reprise solide sur la base de plusieurs scénarios en fonction :
D’autant plus que la reprise des activités industrielles est aussi confrontée à un problème majeur : la trésorerie.
L’existence d’un chiffre d’affaires quasi-nul pour de nombreuses entreprises en mars et certainement en avril place notre tissu industriel sous tension.
Par conséquent, la gestion du Besoin en Fond de Roulement est cruciale pour le redémarrage de nos industries. Tous les industriels ne sont pas dans la même situation et les plans de reprise à construire devront être sur-mesure.
Nombre de PME et grands groupes réorientent leur production pour répondre à la pénurie de masques, ventilateurs, gel hydroalcoolique, protections …
« Quinze millions de masques par semaine au total »
Concernant les masques, qui font notamment défaut à certains soignants (médecins libéraux, etc.) ou agents publics (policiers, etc.), la production de masques en France va tripler d'ici fin avril pour atteindre 10 millions par semaine.
"Avant la crise, nous produisions 3,3 millions de masques par semaine, fin avril nous serons à plus de 10 millions, nous aurons plus que triplé en quelques semaines", a déclaré le chef de l'Etat.
En parallèle, de nouveaux acteurs Faurecia, Michelin, Intermarché, se mobilisent aussi pour produire des masques et atteindre l’objectif national de 15 millions de masques par semaine d’ici fin avril.
S'agissant des respirateurs, dont les prix sur le marché explosent ces derniers jours, Emmanuel Macron a annoncé la création d'un consortium français composé de quatre grands groupes industriels. Ce consortium mené par Air Liquide, est composé du spécialiste des équipements électriques Schneider Electric, de l'équipementier automobile Valéo et du constructeur PSA. L'objectif est d'être en capacité de produire "10.000 respirateurs d'ici mi-mai" pour équiper les hôpitaux débordés par les cas graves.
Article Le Figaro : Respirateurs: vers une union sacrée des industriels
Agriculteurs, industriels, distributeurs… soit plus de 17.000 PME dans l’agroalimentaire, s’organise en Economie Solidaire :
De belles initiatives :
Le marché de Rungis lance son premier site e-commerce grand public en collaboration avec la région Île-de-France
« Rungis livré chez vous ».
Le but de cette démarche est de garder les acteurs du marché de Rungis en activité et de satisfaire la demande des Français en produits frais et locaux sans oublier de respecter les recommandations sanitaires.
Article CNEWS : Le marché de Rungis a lancé sa plateforme officielle en ligne
La production industrielle a plongé de 75%, même si, selon l’Insee, le recul total de l’activité en France n’a reculé que de 35%, grâce à l’importance des services.
Attention, il convient de garder à l’esprit que certains pays seront probablement encore en confinement lors du redémarrage de l’activité en France, dont certains sont des clients majeurs de nos industries ce qui pourrait complexifier la reprise en termes d’approvisionnement et de vente. Le cas contraire peut également exister : des industriels ont du stock car ils ont arrêté leur production et dans ce cas, les ruptures d’approvisionnement ne seront pas immédiates et il faudra prendre garde à la tentation du surstock ce qui aurait un impact fort sur la trésorerie et le Besoin en Fonds de Roulement (BFR).